Il y a huit ans décédait un grand homme d’Etat Habib Bourguiba Jr
Il y a huit ans, jour pour jour, soit le 28 décembre 2009 disparaissait un grand homme d’Etat d’une stature nationale et internationale incontestable qui a choisi de vivre les dernières années de sa vie dans la plus grande discrétion. Habib Bourguiba Junior, que ses familiers appelait affectueusement Bibi était un homme politique illustre doublé d’un fin diplomate et d’un banquier compétent.
Fils unique de Habib Bourguiba et de sa première épouse Mathilde Lorain, il était né le 9 avril 1927 à Paris. Comme son père, il étudie au prestigieux Collège Sadiki puis part pour Paris faire sa licence de droit.
Il avait pour camarade de lycée et de faculté l’actuel président de la république, Béji Caïd Essebsi. Il étudia aussi la langue et la littérature anglaises.
Au lendemain de l’indépendance, il est envoyé aux États-Unis pour ouvrir l'ambassade de Tunisie. A Washington, il fait la connaissance de John Fitzgerald Kennedy, alors que celui-ci est encore sénateur, pour le sensibiliser à la question de l'indépendance algérienne.
Il est ensuite nommé ambassadeur à Rome puis ambassadeur à Paris en novembre 1958. La rupture des relations diplomatiques avec la France en raison de crise de Bizerte en juillet 1961, mit fin à ses fonctions.
Revenu à Washington en tant qu'ambassadeur, de 1961 à 1964, il est le premier ambassadeur à présenter à John Kennedy ses lettres de créance au lendemain de l'accession de celui-ci à la Maison Blanche. « Vous vous rendez compte que nous créons un précédent » déclara alors Kennedy. « C'est la première fois qu'un ambassadeur fils de président présente des lettres de créance à un président fils d'ambassadeur ».
Le 12 novembre 1964, il remplace Mongi Slim comme ministre des Affaires étrangères. Il conserve la direction de la diplomatie tunisienne jusqu'en 1970 puis devient brièvement ministre de la Justice (juin à novembre 1970), avant d'être évincé à la suite de l'affaire des coopératives durant laquelle il a adopté une attitude de réserve. Il est nommé par son père, le 26 décembre 1977, comme son conseiller spécial avec rang de ministre.
Il est évincé du palais présidentiel, dans le cadre de la lutte pour la succession de son père, le 7 janvier 1986. Il avait toujours rejeté tout esprit dynastique selon ses proches.
Parallèlement il mena une carrière de banquier. Ainsi, il fonde puis dirige, de 1971 à 1988, la Banque de développement économique de la Tunisie (BDET), qui joue un rôle essentiel dans l'essor économique du pays en drainant de nombreux capitaux étrangers, dont ceux des pays du Golfe.
Il est par ailleurs l'un des premiers responsables tunisiens à découvrir l'informatique à ses tout débuts, en 1983, et à comprendre le potentiel qu'il offre alors. Immédiatement, il fonde l'École nationale des sciences de l'informatique et créé l'Institut de recherches des sciences informatiques de Tunis. Actionnaire (à hauteur de 5,4 %) et administrateur de la Banque internationale arabe de Tunisie, il est membre du Club de Monaco constitué en mars 2002 par des personnalités internationales, dont le prince Albert II de Monaco, en vue de contribuer à la recherche de la paix dans le bassin méditerranéen.
Après la déposition de son père, il mène une vie discrète. Il est parmi les rares personnes qui peuvent le rencontrer à la demeure mise à sa disposition à Monastir.
Lors du décès de Habib Bourguiba en avril 2000, il était apparu contrarié, car il a été écarté de l’organisation des obsèques de son illustre père.
Bourguiba Junior était marié à Neïla Zouiten, fille de Chedly Zouiten (président de l'Espérance sportive de Tunis), et père de trois enfants, Moez, Mahdi et Meriem. Il avait vécu au domicile de ses beaux parents car son père lui avait défendu de posséder une maison
Décédé le 28 décembre 2009, à l'âge de 82 ans, il a été inhumé le lendemain au cimetière de Sidi Abdelaziz à La Marsa.
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