"Un jour viendra et la cité reviendra"
Par Naoufel Ben Aissa.
Comme une décadence progressive mais sûre se fait sentir et que les rugissements du peuple désabusé et des bailleurs de fonds montent en crescendo, les présidents de "l'Entre soi" se sont finalement résolus à trouver une résolution pour une hypothétique sortie de crise à l'amiable. Comme quoi, "vaut mieux un mauvais arrangement qu'un bon procès".
Comme pour le foot, il ne suffit pas de marquer des buts pour gagner. Il ne faut surtout pas se tromper de camp.
Chez nous, en politique, c'est aussi pareil. Pendant des mois, les deux présidents, leaders de deux camps adverses, ont passé du temps à chercher à marquer des points. Le problème est qu'aucun des deux n'a trouvé la force suffisante pour dégager l'autre ou du moins, imposer sa volonté, ses choix et ses conditions. "La loi du plus fort" ne s'applique pas dans ce cas, mais plutôt celle du "moins vulnérable".
Comme ils n'ont pas daigné se débrouiller comme des grands, on a dû leur taper sur les doigts.
"Le parrain" du monde libre est intervenu pour siffler la fin de ce jeu d'enfants.
Sinon, comment expliquer que du jour au lendemain on libère Nebil Karoui, -pourtant accusé d'être à la tête d'une nébuleuse de nature mafieuse!- on annonce des concessions et des prédispositions de bonne foi.
D'un coup, Kaies Saïd accepte le "remaniement" et de garder le Mechichi chef de la Kasbah. Celui-ci accepte de remanier le remaniement selon les vœux du Président et Gannouchi d'enterrer la hache de guerre et de trouver un compromis. Quant à l'objet du "Débat National". c'est justement là où réside le véritable enjeu.
Le Président veut en faire un débat pour changer le régime politique. C'est l'une de ses promesses électorales et il tient à honorer ses engagements. C'est donc primordial pour lui.
Ghannouchi, quant à lui, veut parvenir à une feuille de route, sous couvert de compromis - "tawafek"- pour donner à ses options une légitimité comme il l'a réussi auparavant. Seulement, les "partenaires" comme les "adversaires" ont changé et Kaies Saïd ne ressemble en rien au défunt BCE. Si ce dernier a fait de l'avenir de son fils une question primordiale et un différend avec le Chef du Gouvernement, qu'il a lui même choisi, l'actuel Président sait qu'à l'avenir, il sera encore Président. Apparemment, il est là pour longtemps puisqu'un autre mandat l'attend.
Toutefois, le président de l'ARP, Rached Ghannouchi, a toujours les commandes de l'assemblée et du parti en sa possession, le sien, et tient en otage le Chef du Gouvernement. Ce chantage lui a réussi du temps du Président défunt. Pourquoi pas aujourd'hui ?
Entre temps, universitaires, enseignants chercheurs, médecins (plus de 900 spécialistes), informaticiens et ingénieurs quittent le pays en grand nombre.
Sans ces compétences utiles, précieuses et coûteuses pour notre pays, avec qui et quoi va-t-on bâtir un avenir? C'est par eux que réside en principe la voie du salut. Tout le reste n'est que gâchis.
On a beau leur dire: "tu chercheras en vain d'autres rivages, la ville te rejoindra", déterminés, ils nous quittent quand même, sans regrets. On a interrogé Douraid Lahham (Gaouar Touchi), dramaturge syrien, sur le fait qu'il n'ait pas quitté son pays en temps de guerre civile, il a répondu que "la Patrie n'est pas un hôtel qu'on change quand le service n'est pas satisfaisant". Encore une leçon de patriotisme.
Au lieu de quitter le pays et le champ de bataille, il aurait fallu résister, militer et prendre les devants quitte à déloger celles et ceux qui ne plaisent pas et qui portent préjudice à la nation .
On sert la Patrie, on ne s'en sert pas.
Ces compétences ont peut-être de bonnes raisons pour agir de la sorte, mais ont-ils raison de ne pas raisonner autrement?
N'est-il pas possible "qu'un jour viendra et la Cité reviendra".
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