Béji Caid Essebsi saura-t-il sauver son Nida de la dérive?
Nida Tounes devait tenir, mercredi 7 octobre 2015, la réunion de son bureau politique pour examiner les préparatifs du congrès. Entre temps, est intervenue la démission de Lazhar Akremi du gouvernement et certains membres ont demandé à l’inscrire dans l’ordre du jour afin d’apporter le soutien du parti à l’un de ses membres fondateurs. Akremi a dans une lettre de 7 pages, mis à nue plusieurs tares du système actuel, népotisme, corruption, dérive présidentialiste… dont il a fait assumer la responsabilité à ce gouvernement « sans mains ». Abondant, presque dans le même sens, le secrétaire général Mohsen Marzouk et le député et membre du bureau politique du parti Mondher Belhaj Ali ont fustigé l’état de paralysie du gouvernement et appeler carrément à un changement de l’équipe y compris son chef(dixit Belhaj Ali). Ce qui a amené le président du parti Mohamed Ennaceur à reporter la réunion, après concertation avec Marzouk. Ce dernier avait, auparavant, réuni ses troupes qui n’ont pas ménagé de leurs critiques, souvent dans des mots durs, Habib Essid et certains de ses ministres. Même le père fondateur a été égratigné. Ils ont réclamé des sanctions contre les frondeurs et leur chef Hafedh Caid Essebsi et appelé le secrétaire général, qui, à son tour, n’a pas été épargné par les critiques, à assumer pleinement des responsabilités.
Face à cette situation kafkaïenne, le président de la République Béji Caid Essebsi, le fondateur du parti, observait avec beaucoup d’inquiétude cette lutte intestine à laquelle se livrent son fils biologique et son fils spirituel. Il ne devait pas et ne pouvait pas rester insensible à « l’appel du devoir » pour mettre le holà, calmer les esprits et sauver « son parti » de la dérive. Mais quand et comment ? L’opportunité a été trouvée en concertation avec Mohamed Ennaceur. Rendre un hommage au président d’honneur au cours d’une cérémonie digne de son prestige, en présence des cadres du parti. Une occasion pour leur dire ce qu’il a sur le cœur. Entre temps il aura tiré les oreilles de ses « deux fils » pour les ramener à la raison et leur imposer l'arrêt des hostilités. Car, difficile pour lui de sacrifier l’un d’eux. Ils sont condamnés à travailler ensemble sous l’œil attentif de son successeur à la tête du parti. Béji Caid Essebsi aura, aussi, à trancher cette histoire d’identité du parti ou plutôt de filiation, comme les rapports avec Ennahdha.
Un rendez-vous est pris pour dimanche 11 octobre soit au siège du parti, soit dans un hôtel de la place. D’ici là plusieurs choses pourraient se passer.