"Kaïs Saied est atteint d’alexithymie", selon le Dr Youcef Ennebli !
Par le Docteur Youcef ENNEBLI
"J’ai lu avec intérêt l’article ayant comme intitulé « Un psychiatre tunisien de renommée témoigne sur Kaïs Saied » publié le 24 Septembre 2019 sur le journal Espace Manager. Un article ayant comme objet la détermination d’un profil psychologique ne peut que m’intéresser. Que dire alors lorsque le profil concerne l’un des deux vainqueurs au deuxième tour des élections présidentielles.
J’ai beaucoup de considérations pour la psychologie, cette branche du savoir, avec toutes ses filiations et spécialités nommées « psy » + quelques autres termes marquant la spécialité, ayant comme objet la connaissance de l’homme. Cette branche du savoir est utile à plusieurs autres branches du savoir telles que le management, où la psychologie constitue sa première base fondamentale, ainsi que toutes les activités ayant trait à la communication.
Et ce que beaucoup ne connaissent pas encore, la psychologie, plus précisément la psychologie du raisonnement, constitue la base de la logique appliquée, cette science qui a comme objet la détermination des conditions obligatoires du raisonnement vrai. En d’autres termes, la psychologie du raisonnement constitue la base des méthodes rationnelles de recherche. Il paraît que ni la psychologie du raisonnement ni la logique appliquée ne sont enseignées dans le système d’enseignement supérieur.
Je salue vivement l’initiative du Dr Sofiane Zribi. Je suppose qu’il est d’accord avec moi sur l’importance cruciale de la psychologie dans toutes les sciences confondues y compris la mère des sciences (la philosophie). De ma part, je partage entièrement, sans restriction aucune, sa proposition affirmant que l’université est « réduite à une usine à diplômes ». Cependant, j’ai des réserves sur le profil psychologique de KS, tel qu’il est décrit par le Dr Zribi. Il me semble que la description du profil est assez partielle. Certains autres traits de caractères auraient mérité d’être traités. Il paraît également que le recoupement du profil psychologique avec sa vision politique n’est pas sans reproches. D’ailleurs, c’est à ce niveau de recoupement que nous pouvons saisir l’importance cruciale de déterminer le profil psychologique de chaque candidat à un poste de travail ayant un grand pouvoir et par suite une grande responsabilité. Enfin, j’aurais souhaité que l’auteur ait indiqué l’approche ou la méthode psychanalytique adoptée pour déchiffrer certains traits de caractère de KS.
Selon l’auteur, KS parle toujours « d’une voix grave » due à une « déformation professionnelle certes, mais aussi quand [Dr Zribi] regarde les vidéos certainement par manque d’habitude d’être devant les caméras ». Il s’agit d’un des passages-clés de l’article auquel je ne peux y adhérer. D’abord, je suppose que la voix grave ne constitue pas l’insuffisance majeure et critique de la manière à communiquer adoptée par KS. Ensuite, KS est bel et bien habitué à communiquer devant les caméras.
L’aspect ou le style le plus grave et défaillant dans sa communication réside dans son discours monotone où aucune modalisation ou variation du ton ne peut être observée et aucune expression d’émotion et sentiment ne peut paraître dans son visage. Un discours monotone, fade, terne, ennuyeux, calme sans aucune âme ???! Un tel style de communication ne peut que m’inquiéter. Je me demande vraiment s’il est capable de remplir convenablement la mission de représenter la République tunisienne, notamment au niveau de la diplomatie commerciale ? L’interrogation est d’autant plus légitime lorsqu’on observe les types de profil de ses conseillers de sa compagne électorale.
Je ne suis pas un « Psy… ». J’ai fait des recherches sur Google ayant traits à l’incapacité à ressentir certaines émotions ou la volonté de contrôler totalement l’émotion de façon qu’elle ne s’exprime pas sur le visage. Et les résultats n’ont pas tardé à paraître. Il paraît qu’il s’agit d’une caractéristique émotionnelle appelée alexithymique. Déroutante et méconnue du grand public, cette caractéristique émotionnelle déconnecte les personnes de leur ressenti.
L'alexithymie peut prendre sa source dans l'enfance, si l'expression des émotions n'étaient pas valorisées dans la famille ni par l'éducation. Elle peut aussi apparaître après un choc émotionnel. Pour Maurice Corcos, il s'agit d'« un combat contre ce que la personne pense ne pas pouvoir supporter. Les émotions sont intolérables parce qu'elles risquent de lui faire sauter la tête, littéralement, de la déstructurer. Les alexithymiques détestent ce qui est en train de les transformer ».
Si l'alexithymie n'est pas un trouble, ni une maladie, ce trait de personnalité se révèle handicapant pour communiquer avec les autres et avec soi-même. « C'est une défense contre quelque chose que l'on ne veut pas, qui effraye à l'intérieur et génère des angoisses. Pour vivre avec, les alexithymiques répriment leurs sentiments, les dénient », détaille Maurice Corcos. Mais, tôt ou tard, les émotions finissent par percer. Pour gérer ce trop-plein, ces individus ont alors recours à des subterfuges. Parfois, la tension est trop forte, l'esprit cède et « laisse place à une attaque de panique voire à un passage à l'acte, comme un suicide, et ils consultent ». Céline Jouanne en a fait le constat dans ses travaux : « L'alexithymie est plus présente chez les personnes en recherche de sensations fortes, de conduites addictives et de substances psychoactives ». Heureusement, les personnes atteintes ne passeront pas nécessairement par ces épisodes. Nous comprenons maintenant pourquoi KS est « un grand fumeur ». Et le Dr Zribi avait raison d’affirmer que « Kaies Saïed n’est aucunement malade ». Cependant, son style de communication révèle bel et bien un handicap pour communiquer avec les autres et avec soi-même. KS n’est pas du type de l’alexithymie qui ne ressent aucune émotion mais plutôt celui qui ne veut pas laisser ses émotions (bien vives et réelles) s’exprimer sur son visage.
J’ai pu accéder à certains autres traits de son caractère grâce à son thème astral. KS est assez peu porté aux élans sentimentaux, aux sens et aux plaisirs charnels. Le candidat s’intéresse plus et met toutes ses énergies au service de ses réalisations ou d’une idéologie. Il est d’une moralité qui consiste à s’élever, par la volonté, dans l’ordre de l’esprit ou de la religion. Il est de type Prométhéen qui se caractérise par un esprit d'idéal et de foi dans la condition humaine. L’altruisme, l’idéalisme et le perfectionnisme lui permettent d’utiliser perspicacité de façon adroite et constructive à son propre profit et à celui des autres.
Il est assez craintif, très vigilant, respectueux et brave mais pas passez combatif. Il est moins porté à s’intéresser aux conflits extérieurs. Il préfère la sécurité, la sérénité et le confort, bien qu’il soit toujours attentif aux besoins des autres. Mais tout cela n’empêche pas qu’il agit lentement et de manière sûre et efficace. C’est un penseur efficace et positif. Il est le plus discipliné et le plus fécond de tous les natifs des poissons, et il y a une liste impressionnante de personnalités célèbres pour le prouver.
Albert Einstein (Vénus en bélier), Buffy Sainte Marie (Vénus en Verseau-le cas de KS), etc. La planète Mercure en Verseau implique une Intelligence prométhéenne, inventive, progressiste, réformiste, REVOLUTIONNAIRE OU UTOPIQUE, acquise aux idées d’avant-garde, à l’affût de tout ce qui peut anticiper l’homme, le libérer de ses entraves et l’ouvrir à de nouveaux horizons ; sinon ouverte à une sagesse (Bacon, comte, Gassendi, Voltaire, etc.).
Bref, il s’agit d’une très grande intelligence et d’un fort potentiel. Sa volonté de contrôler totalement ses émotions peut être expliquée par le fait que de telles émotions risquent fort de le déconcentrer dans son discours et de se dévier du message scrupuleusement préparé au moment de sa conception. L’humanité, la droiture, l’honnêteté, la sociabilité, l’ouverture et son amour de la Tunisie, dont parle Dr Zribi, ne peuvent être mises en doute. Mais le trait de caractère critique qui n’a pas été évoqué dans son article, est si KS est révolutionnaire ou utopique ?
Le thème astral du candidat à la présidentielle ne tranche pas sur cette question. Il nous semble, que sa vision politique pourrait donner un indicateur fiable de vérification. L’auteur de l’article affirme : « Kaies part de l’hypothèse que la loi imposée par le haut a peu de chance d’être respectée mais celle qui émane de la base à la manière du contrat social de Rousseau le sera certainement ». Une affirmation fortement plausible. Mais, il a omis d’indiquer si la loi qui émane de la base est au service de cette base ou (exclusive) des démagogues ainsi que d’une minorité qui détiennent les ficelles du pouvoir ? Ce que propose KS en fait comme mode démocratique n’est que la démocratie directe, sans pour autant la nommer, enrichie par la notion du contrat social de Rousseau. Faut-il préciser que ce mode est née à Athènes au VIè siècle av.J.C. et Périclès la défini en tant que « le gouvernement du peuple et pour le peuple » (Vè siècle av. J.C.).
Faut-il surtout ajouter que la pratique de la démocratie directe, si vraie et idéale soit-elle en théorie, présente une contrainte majeure (masse de plus en plus grande de la population) empêchant son application ainsi que certains inconvénients majeurs. Et on n’a pas attendu l’ère contemporaine pour le constater.
Platon fut le premier à développer une analyse et théorie importante visant à dénoncer la démocratie, en l’occurrence la démocratie athénienne, au sein de laquelle il vécut. Son opposition au partage du pouvoir politique entre tous les citoyens s’appuie sur l'idée que pour gouverner, il faut une certaine sagesse et un certain savoir. Nous pouvons nous interroger si la base tunisienne a une certaine sagesse ? Cette base, notamment dans le sud, endoctrinée et manipulée par les démagogues islamistes. Aristote, le « maître de ceux qui savent » dit Dante, remarque combien rapidement le peuple se laisse entraîner vers tous les excès par les démagogues : la démocratie n’est possible que s’il existe un système de valeurs commun à tous, que l’éducation a comme mission de vulgariser.
Dès la République romaine (509-27 av. J.-C.), on passe de la démocratie directe à la démocratie représentative où des mécanismes de délégation de pouvoir sont créés à travers notamment l’élection des représentants interposés. « Tel est le cas dans les grandes démocraties modernes qui émergent avec la seconde révolution d’Angleterre (1688), la Constitution américaine (1787) et la Révolution française (Constitutions de 1791, 1793, etc). La représentation est rendue nécessaire par L’IMPORTANCE NUMÉRIQUE DU CORPS ÉLECTORAL, mais apparaît aussi comme une garantie d’équilibre et de sagesse par rapport à L’EMPORTEMENT PARFOIS IRRATIONNEL de démocratie directe » (Le RI, 2013, p. 521). La Suisse, pays connu par la culture et le sens de civisme de ces citoyens, n’a pu adopter que la démocratie semi - directe.
Le grand mobile qui pousse Kaies Saïed à adopter un mode démocratique, sachant d’avance qu’il est utopique (il connaît certainement l’histoire de la démocratie), est le besoin et la grande motivation d’entrer par les grandes portes de l’histoire de l’humanité. L’enjeu est tellement grand pour lui qu’il efface de sa mémoire tout les enseignements de l’histoire de la démocratie (notamment l’impossibilité d’appliquer la démocratie directe sans déviations majeures de sa finalité) pour ne retenir que les événements très récents survenus depuis 2011. Dans une interview accordée à la journaliste Céline Lussato et publiée le 20 septembre 2019, KS dit expressément : « Nous sommes entrés, je crois, dans une nouvelle phase de l’histoire et les concepts classiques tels que la société civile, les partis politiques, la démocratie elle-même sont dépassés par les idées nouvelles ». Plus que ça, il considère que le monde vit une période exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité, pas seulement en Tunisie. D’ailleurs en 2011, le slogan :
« le peuple veut » « al chaab yourid » a été scandé dans le monde entier, y compris devant Wall Street, en arabe ! Le monde est entré dans une nouvelle ère mais malheureusement les concepts sont restés intacts devant l’évolution des idées politiques. Le peuple a une autre vision des choses et les professionnels de la politique sont restés sur les mêmes programmes. Ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie exprime un vaste rejet.
Nous comprenons maintenant pourquoi KS n’est pas dérangé par le soutient massif d’Ennahda et de tous les satellites gravitant autour de son giron : Il a besoin de ce soutient pour qu’il puisse instaurer la démocratie directe, tant rêvée, à travers les collectivités locales, mêmes si elles risquent de se transformer en milices. Et un tel risque ne le dérange guère. Et cela d’autant plus qu’aucun parti progressiste puisse le soutenir dans l’instauration d’une démocratie directe vouée sûrement à l’échec en Tunisie ou ailleurs.
Faisons le recoupement avec son profil psychologique : il met toutes ses énergies au service d’une idéologie, de ses convictions fermes et de ses réalisations. Il est de type Prométhéen qui se caractérise par un esprit d'idéal et de foi dans la condition humaine. Celle-ci se résume dans la liberté et la souveraineté du citoyen. Utopique, comme il est, il ne voit aucun inconvénient si le citoyen risque d’être manipulé par les démagogues, tant qu’il est maître de sa volonté. Cela est d’autant plus vrai qu’il est moins porté à s’intéresser aux conflits extérieurs. Il préfère la sécurité, la sérénité et le confort, bien qu’il soit toujours attentif aux besoins des autres. Après tout, le risque d’anarchie ou de conflits ne relève pas de sa responsabilité.
Bref, K.S. a besoin d’Ennahda pour pouvoir réaliser son rêve d’un grand précurseur de la pensée d’une part, et Ennahda a besoin de lui pour transformer la démocratie directe en une dictature théocratique à travers ses démagogues islamistes d’autre part. Voilà, chers lecteurs citoyens, ce qui attend la Tunisie si l’on vote KS au deuxième tour de la présidentielle tout en votant Ennahda pour les législatives. Cependant, KS, ayant un très grand potentiel, mérite une bonne place dans le pouvoir judiciaire ou le pouvoir législatif mais en tant que conseiller (en position staff car utopique)."
Youcef ENNEBLI (Dr. en Management)
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