Que signifie la reconnaissance de l’État de Palestine ?

Que signifie la reconnaissance de l’État de Palestine ?

Le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et le Portugal ont officiellement reconnu dimanche l’État de Palestine, après environ deux années de guerre dans la bande de Gaza. La France, la Belgique et d’autres pays devraient suivre le même chemin lors du sommet de l’ONU qui s’ouvre ce lundi 22 septembre 2025.

Voici un aperçu général de la reconnaissance diplomatique de l’État de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à Alger en 1988.

Q : Quels pays reconnaissent ou vont reconnaître l’État de Palestine ?
R : Les trois quarts des États membres de l’ONU.

Selon un décompte de l’Agence France-Presse, au moins 145 des 193 États membres de l’ONU ont reconnu l’État de Palestine, dont quatre qui disposent du droit de véto au Conseil de sécurité. Ce chiffre inclut le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal.

D’autres pays devraient emboîter le pas, parmi eux la France, la Belgique, le Luxembourg et Malte, à l’occasion du sommet sur l’avenir de la solution à deux États, coprésidé par la France et l’Arabie saoudite lundi au siège de l’ONU à New York.

L’Algérie a été le premier pays à reconnaître officiellement l’État de Palestine le 15 novembre 1988, quelques minutes après la proclamation unilatérale par Yasser Arafat, alors dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine, d’un État palestinien indépendant, suivie par d’autres pays arabes dont la Tunisie qui abritait à l’époque le siège de l’OLP.

Dans les semaines et mois qui ont suivi, des dizaines d’autres pays ont fait de même, puis, à la fin des années 2010 et au début de 2011, une nouvelle vague de reconnaissances est intervenue.

Q : Quels pays ne reconnaissent pas l’État de Palestine ?
R : Au moins 45 pays, dont Israël, les États-Unis et leurs alliés.

Le gouvernement du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien.

En Asie, le Japon, la Corée du Sud et Singapour figurent parmi les pays qui ne reconnaissent pas la Palestine, tout comme le Cameroun en Afrique, le Panama en Amérique latine et la plupart des États d’Océanie.

L’Europe est la région la plus divisée sur la question, partagée à peu près à 50-50 concernant la reconnaissance d’un État palestinien.

Jusqu’au milieu des années 2010, les seuls pays européens à reconnaître la Palestine, en dehors de la Turquie, appartenaient à l’ex-bloc soviétique.

Mais aujourd’hui, certains de ces anciens pays de l’Est, comme la Hongrie et la Tchéquie, n’ont pas reconnu la Palestine au niveau bilatéral.

Jusqu’à récemment, l’Europe de l’Ouest et du Nord faisait bloc dans le refus, à l’exception de la Suède qui avait reconnu l’État de Palestine en 2014.

Cependant, la guerre à Gaza a bouleversé la donne : la Norvège, l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie ont suivi la Suède en 2024, avant que le Royaume-Uni et le Portugal ne fassent de même ce dimanche. L’Italie et l’Allemagne ne prévoient pas, pour leur part, de reconnaître la Palestine.

Importance politique et juridique

Selon Romain Le Bœuf, professeur de droit international à l’université d’Aix-Marseille, il s’agit de « l’une des questions les plus complexes » en droit international.

Il a expliqué à l’AFP que les États sont libres de choisir le moment et la forme de leur reconnaissance, avec des différences importantes, explicites ou implicites.

Il n’existe pas de registre officiel des reconnaissances. « L’Autorité palestinienne en Cisjordanie inscrit sur sa propre liste tout ce qu’elle considère comme une reconnaissance, mais il s’agit d’un point de vue strictement subjectif. De même, d’autres États annoncent leur reconnaissance ou leur non-reconnaissance sans avoir besoin de justifier leur décision », a-t-il ajouté.

En revanche, le droit international est clair sur un point : « la reconnaissance ne signifie pas que l’État est créé, et l’absence de reconnaissance n’empêche pas son existence ».

Si la reconnaissance a surtout un poids symbolique et politique, trois quarts des États considèrent que « la Palestine réunit toutes les conditions nécessaires pour être un État ».

L’avocat franco-britannique et professeur de droit Philippe Sands a écrit dans le New York Times à la mi-août 2025 : « Je sais que cela semble symbolique pour beaucoup, mais en réalité, symboliquement, c’est un véritable changement de paradigme. »

Et d’ajouter : « Car dès que vous reconnaissez l’État de Palestine… vous placez la Palestine et Israël sur un pied d’égalité en termes de traitement au regard du droit international. »

Pour les Palestiniens, ces reconnaissances ont une portée politique et juridique, en cohérence avec les efforts visant à mettre fin à l’occupation et à établir un État palestinien.

L’ambassadeur Ahmad Deek, conseiller politique du ministre palestinien des Affaires étrangères, a déclaré à Al Jazeera Net que la Palestine voit dans ces reconnaissances « un acte courageux conforme au droit international et aux résolutions de la légitimité internationale, un soutien aux efforts pour mettre fin à l’occupation et instaurer la paix, et une reconnaissance des droits palestiniens, en particulier le droit à l’autodétermination du peuple palestinien ».

Il a ajouté que la reconnaissance constitue « un droit légal et une obligation morale pour les pays qui disent soutenir la solution à deux États, tout en rappelant que la paix se construit sur le droit international, et non sur les chars, les bulldozers, les bombardements, les crimes de guerre, les déplacements et les annexions ».

Selon lui, la Palestine s’appuiera sur ces reconnaissances pour obtenir une pleine adhésion à l’ONU (et non plus un simple statut d’« observateur ») et renforcer ses efforts politiques, diplomatiques, juridiques et internationaux afin d’atteindre plusieurs objectifs, dont :

Tenir l’occupation responsable de ses crimes.

Mettre fin à toutes les mesures unilatérales imposées par Israël, afin d’appliquer les résolutions de la légitimité internationale et l’Initiative de paix arabe.

Consolider la personnalité juridique et la souveraineté reconnue de l’État de Palestine en attendant sa concrétisation sur le terrain.

Développer et approfondir les relations bilatérales de l’État de Palestine dans tous les domaines.

(AFP + Al Jazeera Net)

Traduit avec IA

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